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vendredi 4 juillet 2014

RevActu: Le rôle des femmes dans la résistance et la fraternisation révolutionnaire: Je viens de demander à Mary Lou Roberts de prendre connaissance du livre de André Calvès: "J’ai essayé de comprendre"


Yves François Bodénez,
 né le
15 novembre 1921 au Relecq-Kerhuon
, près deBrest (Finistère) et
mort en 
déportation en mars 1944
à 
Dora (Nordhausen,Allemagne),
 est un 
militant trotskiste.
par Yanick Toutain
"La foule est très grande ce soir là, à l’entrée de l’Arsenal. C’est là que les Allemands ont formé un train, pensant sûrement qu’ainsi, ça se passerait mieux qu’à la gare. Les ouvriers convoqués arrivent par la rue Louis Pasteur. Presque tous sont en famille. Certains ont bu et crient leur colère. La foule est silencieuse.

Prés de la porte de 1’Arsenal, quelques marins allemands assis sur le toit d’une baraque. En face, un groupe de jeunes. Quelques flics français dans la foule. Les portes de l’Arsena1 se ferment sur les derniers arrivants. Le groupe de jeunes se met à crier « A mort Laval ! »

Les marins allemands leur lancent deux paquets de cigarettes. Nouveau temps de silence. On entend le bruit de la locomotive. Puis « l’Internationale » s’élève du train. La foule se met à hurler : « A mort Laval ! A mort Laval ! » 
Prés de moi, un vieil homme enfonce le képi d’un flic jusqu’aux oreilles en le traitant de salaud. Le flic s’enfuit. Maintenant, des milliers de personnes foncent jusqu’au cours d’Ajot et descendent au Port de Commerce. Le train est déjà passé, mais on entend encore l’Internationale.Un soldat allemand coincé dans sa guérite, tire un coup de feu en l’air. Il a peur, mais personne ne lui fait de mal. Il n’y a pas trace d’un policier. Tout le monde remonte vers le Château et on se sépare en deux colonnes. L’une se dirige vers Recouvrance, l’autre vers Saint-Martin. Nous sommes, peut-être cinq à dix mille qui remontons la rue de Siam en chantant l’internationale et la Jeune Garde. Je n’entends pas une seule fois la Marseillaise. Même un lycéen, plus ou moins Croix de Feu avant guerre, chante l’Internationale prés de moi. Nous montons la rue Jean Jaurès jusqu’à l’Octroi et redescendons jusqu’au pont. Les Allemands ne réagissent pas. A 23 heures, nous sommes encore quelques centaines de jeunes qui nous apprêtons à redescendre. Ça fait plus de deux heures qu’on marche. Les feld-gendarmes arrivent, tirent leurs revolvers mais ne font pas feu. Ils arrêtent quelques jeunes qui seront relâchés quarante huit heures plus tard. Visiblement les Allemands ont voulu limiter les dégâts. Peut-être craignaient-ils une grève générale à Brest."
("J'ai essayé de comprendre" de André Calvès)
Cf infra



LE RÔLE DES FEMMES DANS
LES PROCESSUS REVOLUTIONNAIRES

Je viens, ce vendredi 4 juillet vers 20h,  de traverser une rue et de prononcer 20 phrases pour une - fort aimable - Mary Lou Roberts qui sortait de sa conférence dans La Galerne, une librairie du Havre. -
Je tenais à attirer son attention sur le rôle des femmes dans les processus révolutionnaires. Un rôle qui, je le subodore est un puissant facteur pour laisser de côté les diverses - et improductives - luttes armées au profit de techniques de fraternisation.
Quand j'avais vu Mary-Lou Roberts, peu après 19h, elle prononçait les dernières phrases de sa présentation de son livre "Des GI's et des femmes" devant le public de la Galerne. Elle parlait de la façon dont la guerre avait été "vendue" aux GI étasuniens.
"Comment convaincre les GI de débarquer sur les plages de Normandie et de se jeter sous le feu ennemi au péril de leur vie ? En invoquant le patriotisme, la solidarité entre les démocraties, les crimes barbares des nazis ? Sans nul doute. Mais un autre argument fut employé au sein de l’armée américaine en 1944 : « Pensez à la beauté des femmes françaises qui n’attendent que vous et sauront comment récompenser leurs libérateurs. »

En fait, je venais de finir la lecture- au sous-sol de cette sympathique librairie - de la BD "Tripoli". Une extraordinaire bande dessinée sur la première guerre
Une sorte de récit en image du "principal" exploit de William Eaton. On le voit dans la BD être missionné par le président des USA pour organiser "" un coup d'Etat militaire contre le pacha de Tripoli.
 William Eaton, né le 23 février 1764 àWoodstock (Connecticut) et décédé le 1er juin1811 à Brimfield(Massachusetts), est unofficier américainimpliqué dans la guerre de Tripoli. Il y soutient le frère du pacha de Tripoli, Hamet Karamanli, pour tenter de remporter la victoire.
La bataille de Derna : 


"C'est la première bataille remportée par les États-Unis sur un sol étranger1."

Il était amusant de quitter une bande dessinée montrant un "exploit" US du début du 18° siècle pour entendre  Mary Lou Roberts narrer les "exploits" de l'armée US chassant le pantin de Henry Ford du pouvoir avec des méthodes..... visant à empêcher absolument la révocation de la classe sociale capitaliste qui avait soutenu, dans toute l'Europe Hitler.
C'est l'argent qui fut la principale motivation des mercenaires - y compris grecs - pour aller au combat.
Le viol devait être une motivation subsidiaire.... mais les violeurs en puissance furent stoppés à Derna !
Quant aux GI..... l"éditeur donne une vision tout aussi sordides de leurs vrais mobiles :
"S’appuyant sur de très nombreux documents d’archives, ce livre raconte une histoire fascinante et dérangeante : le commandement militaire américain a « vendu » le Débarquement à ses GI comme une aventure érotique et a sciemment exploité le mythe de la femme française experte en matière sexuelle et disponible. Il jette une lumière crue sur les conséquences de cette propagande : la prostitution débordante partout où se trouvaient des GI, exposant leurs relations sexuelles au vu et au su de tous, mais aussi les agressions sexuelles et les viols.Loin d’être anecdotique, la sexualité des GI fut l’un des enjeux de la bataille politique qui se jouait sur le territoire libéré, celle entre l’impérialisme américain et la souveraineté française. Humiliante, elle a contribué à nourrir l’antiaméricanisme d’après-guerre.""
Les 10 pages de son livre que j'avais parcourues rapidement après la fin de sa conférence m'avaient incité à prendre un jour le temps de me plonger dans tous ces faits de la mémoire enfouie -des faits expurgés de l'Histoire officielle.
Mais c'est une heure plus tard, en voyant cette dame sortir de la libraire qu'une soudaine idée me vint : son étude sur le débarquement et le rôle des femmes pourrait contenir une démarche tout à fait adéquate pour étudier un autre épisode de la 2° Guerre mondiale...
En fait, il me revient soudainement, au moment d'écrire ces lignes le souvenir d'un moment où Mary Lou Roberts avait comparé les soldats US et les soldats de la Wermacht.
J'avais mal compris ses propos.... mais.... cela avait dû être stocké dans mon inconscient.
Je traversai donc la rue et lui demanda qu'elle ait la curiosité d'aller lire un livre en ligne. (Il se trouve dupliqué sur Marxists.org)

André Calvès 

Mémoires
(1ère partie : 1920-1950)

 IndexEn guise de préfaceLe curieux mélange de Plougastel et LesnevenLa fleur au fusilLa commune n’est pas morte.Enfance à BrestLes socialistes sauvent la bourgeoisie allemande« Sans la révolution européenne, nous périrons ! » LénineHenri part civiliser la ChineLa bureaucratie contre le KoulakLa vie de Famille« Adroits, robustes et lestes, les éclaireurs de Brest » Chant de troupe.La peste brune est passée par-là.L’ouvrier brestoisStaline vend le communisme pour un pacte en papier.Retour à BrestLa joie te réveille, ma blonde.Clan routier en dissidence.La Révolution espagnoleFrance-NavigationL’assassinat d’une révolutionStaline massacre la vieille gardeCette paix n’est pas notre paixLa guerreLe pacte Germano-soviétiqueLe PSOP et la guerreLa drôle de guerreInscrit Maritime ProvisoireDeuxième classe dans l’infanterieSur le chemin de la débâcle.Retour en BretagneJuin 1941.Eté 1941Hiver 41-42.Naissance de la résistance à BrestCoup dur à BrestTrotskiste et FTPLa récupération d’armesAller-retour en BretagneMissions de la Cie Saint-JustLa milice et les collabosParis, l’insurrectionLa colonne FabienRetour à ParisHiver 44-45.Stalinisme et « Hitléro-trotskistes »Travail en direction des prisonniers allemands.Les trotskistes bretons après la guerre.L’expérience yougoslaveUsure et LassitudeDédicace
En guise de préface 
Il y a quelques années, un copain, passant chez moi, prit connaissance de quelques écrits sur ma jeunesse et sur la guerre. Il emporta ces textes et les publia sous le titre « Sans bottes ni médailles. »J’aurai préféré : « J’ai essayé de comprendre » mais il parait que ça ne pouvait pas tenter l’éventuel lecteur.J’aurais voulu relire, avant parution, un texte qui contient pas mal de menues erreurs.J’aurais surtout désiré qu’on y fasse figurer les photos des copains qui furent tués par les nazis.Depuis, quelques lecteurs m’ont dit qu’il aurait fallu éclairer certains points, raconter le destin de divers copains.Je vais donc essayer de faire tout cela, essayer aussi de parler de moi comme s’il s’agissait d’un autre. Et c’est bien d’un autre qu’il s’agit. J’ai nettement moins de force, de courage et de naïveté que le personnage que je fus jadis. J’ai toujours été agacé par les gens qui portent des médailles de sauveteurs et qui n’oseraient plus se jeter à l’eau par crainte d’une bronchite.J’ai été indigné par cette justice américaine qui tua Caryl Chesman après onze ans de prison pour un crime douteux. Si ces juges estiment que le temps ne fait rien à l’affaire il serait plus que temps qu’ils s’excusent auprès des indiens d’Amérique.

Ce sur quoi j'ai insisté dans le peu de temps de mon speech à l'historienne, c'est le fait que le travail qu'elle a fait sur les soldats US et les femmes devra être fait sur les soldats allemands et les femmes, mais dans un contexte de fraternisation organisée des militants et des militantes trotskystes :
Nous organisons à Brest, une collecte pour certaines familles. Dans la cellule d’Yves Bodénès, un gars obtient dix francs d’un soldat allemand. Nous devinons qu’il y a, dans le secteur de Brest, des Allemands anti-nazis. C’est d’autant plus logique que beaucoup sont originaires de Hambourg. A Hambourg, pas mal de temps après la prise du pouvoir par Hitler, les nazis hésitaient à se promener, tard, sur les quais. Mais aucun copain ne parle assez l’allemand pour engager des contacts sérieux. Il faudra attendre l’arrivée des Nantais avec Robert Cruau, pour démarrer ce travail. J’ai déjà vu sur mon chantier des Allemands pas ordinaires. Un jour, j’étais assis sur une grande planche. Un soldat allemand vient s’asseoir prés de moi et me demande ce qu’il en est de Stalingrad. Il ne croit donc pas tout ce que raconte Goebbels. Je lui dis que c’est à peu près fini. Il m’explique qu’il est ouvrier. Sur ces entrefaites un autre soldat s’installe à ma droite. Visiblement, il est paysan dans le civil. Un gars du chantier passe et me désigne en riant et en disant « communiste ! » L’andouille. Comme si c’était des choses à dire, même en riant. Le soldat paysan sort de ses méditations me regarde et dit : « Communiste ? » C’est le soldat ouvrier qui prend les devants et dit : « Ne, ne, nicht communiste. Arbeiter correct ! » On continue à baragouiner. Le paysan explique qu’il travaille dans une très grande ferme. Le patron est un « baron ». Le même mot en français. « Gut mann ! ». J’arrive à lui demander si le patron paie l’apéritif aux ouvriers agricoles une fois par an ? « Ja, ja » dit l’autre ravi. Le soldat ouvrier se marre doucement. Plus tard, j’ai vu une chose plus curieuse. Dans une partie du hangar de Pi Park Hafen, des canons anti-aériens avaient été entreposés. Ces canons avaient chacun une sorte de petite lampe dynamo qu’on fait fonctionner en pressant à plusieurs reprises avec la main. Sauf erreur elle servait à éclairer furtivement un tableau de hausses. Les lampes étaient fixées par deux vis. Certaines ayant disparu, le sergent fit un gros scandale. Les ouvriers furent rassemblés pour entendre « Sabotage... terroristes, etc. » Et ce fut tout.Quelques jours après, je baragouinais avec une jeune sentinelle qui me dit, en français, et d’un air dégoûté : « Les canons à la mer. » Je lui expliquais que s’il s’emmerdait à monter la garde, c’est parce que le sergent soupçonnait des ouvriers d’avoir volé des lampes. Il me répondit tranquillement que c’était lui qui les avait volées et revendues 200 F pièce en ville. Pour une telle action, il pouvait être fusillé. Aussi, son aveu m’ahurit. Pourquoi une telle confiance ? J’aurais pourtant préféré qu’une action aussi audacieuse ait un autre mobile que le souci de se procurer de l’argent de poche, et, peut-être à tort, je ne tentais pas de discuter plus avant avec lui.J’ai vu, un jour, une petite scène qui mérite mieux que l’oubli. Après le sabordage de la flotte de Toulon, quelques fayots auraient été très malheureux de ne plus pouvoir emmerder le monde. Ils s’étaient donc embauchés comme gardes au port de commerce.A la sortie d’un chantier, il y avait une sentinelle allemande et, cinquante mètres plus loin, un garde français. Après le travail, des ouvriers emportaient dans leur musette de petites chutes de bois (un des rares moyens pour chauffer la soupe, à l’époque.) J’ai vu l’Allemand vérifier et laisser passer, puis le fayot français faisait vider la musette sur le sol. Prouvant, s’il en était besoin que le larbin autochtone est toujours pire que l’occupant. Nous vivons avec l’espoir qu’une révolution sociale terminera cette guerre. Et c’est en Allemagne qu’une telle action devrait démarrer. Mais, pour cela, il faut d’abord de grandes défaites allemandes. Stalingrad sera la première dans l’hiver 42-43. Pourtant, rien n’est fatal, ni dans un sens, ni dans l’autre. Il y aura, au cours de la guerre, deux ou trois grosses chutes de moral en Allemagne. II n’y aura pas seulement un complot de généraux, mais aussi le chiffre énorme de 80 000 soldats allemands fusillés ou pendus pour insoumission, désertion, etc. Certes, il y eut la destruction du mouvement ouvrier organisé, il y eut la gestapo et les SS. Mais la terreur n’aurait pas suffi, et les chefs nazis le savaient bien. Même quand il n’y eut plus de victoires à enregistrer, ils firent l’impossible pour que l’Allemand moyen garde son style de vie et ne sente pas trop la guerre. Ils déportèrent des millions d’ouvriers européens, mais moins de deux cent mille femmes allemandes étaient dans les usines en 1942, alors qu’il y en avait plus de deux millions en Angleterre. Jusqu’en 1943, il y eut en Allemagne plus d’un million de « gens de maison ». Dans quantité de domaines, la mobilisation totale fut moins effective dans l’Allemagne totalitaire que dans la démocratie anglaise. Si l’on observe les fabrications militaires, on constate que dans les dernières années de bombardements massifs qui désorganisaient le travail et les transports, I’Allemagne sortit plus de chars et d’avions en six mois que dans l’année précédente. Tout cela indique que l’industrie allemande travaillait « en dedans » et sortait encore beaucoup de casseroles et de poêles à frire. C’eût été bien inutile si la seule terreur avait suffi. Oui, mais après, dira-t-on ? Quand la situation militaire allemande descendit elle d’un cran ? Précisément, tous les observateurs enregistrèrent une forte chute du moral. Ce sont des ouvriers allemands qui disent « Langsam » (doucement) à certains travailleurs français qui prétendent montrer que « Le Français travaille plus vite que le Chleu. »Comment le régime nazi franchit-il ces mauvaises passes ? Grâce à la Gestapo ? Oui, en partie. Mais aussi et surtout parce qu’aucune autre perspective ne s’offrait au peuple allemand. Goebbels savait bien que la répression ne réglerait rien, et il était à l’affût de toutes les déclarations alliées parlant de démolir l’industrie allemande et de faire payer la guerre à l’ensemble du peuple allemand. Quand Lord Vanssitart publie son fameux plan de dépeçage de l’Allemagne, Goebbels saute là dessus joyeusement et y revient longtemps. Quand Ehrenbourg dit qu’il « n’y a de bons Allemands que les Allemands morts », la propagande nazie jubile. Pour tuer et torturer des millions d’êtres, il suffit de 50 000 bandits et d’un peuple discipliné, résigné et ignorant. Cela est possible dans n’importe quel pays du monde. Nous avons en France, de bons policiers qui regroupèrent les juifs de Paris au Vel-d’Hiv. Ils n’ont pas tué. Ils ont « regroupé ». Après, il suffisait de cinquante tueurs. Mais si l’on dit aux « regroupeurs », aux forgeurs de chaînes, aux conducteurs de trains qu’ils recevront le même traitement que les tueurs, on en faite une masse qui n’a d’autre issue que la lutte acharnée. Notez d’ailleurs l’habileté de notre bourgeoisie qui ne pourfendit jamais que les « regroupeurs » de langue allemande et qui conditionna si bien la foule apolitique, qu’elle peut aujourd’hui assister à une cérémonie en l’honneur des résistants sans être choquée par des uniformes de policiers français, alors qu’elle hurlerait devant un uniforme allemand. 1943. L’armée allemande a subi une terrible défaite à Stalingrad, puis en Tunisie. L’Italie s’attend à l’invasion. Pour la première fois, le 3ème Reich n’a l’initiative nulle part. En Yougoslavie, les partisans retiennent quinze divisions allemandes dont deux blindées. A Brest, tout est assez calme Les Allemands multiplient les blockhaus sur la côte et augmentent régulièrement l’épaisseur du toit de la base sous-marine.Nous diffusons « La Vérité » dans un cercle restreint, et, plus largement « Front Ouvrier ». Le problème du papier et des stencils est obsédant. Pour les ronéos, ça va. L’une a été « empruntée » dans une administration. C’est une voiture de pompiers qui nous l’a apportée grâce à la camaraderie du lieutenant Palut, militant gaulliste mais aussi, ancien militant de la JS à Paris. Pendant longtemps, nous avions une lamentable ronéo en forme de tampon buvard. Une deuxième ronéo correcte nous parvient d’une curieuse manière.Allant au bureau central de la LTP pour quelque papier, je dois attendre. Les chaises manquent. Je m’assieds sur une sorte de boîte. Je me relève et la regarde mieux. C’est un duplicateur. Une secrétaire, Mme Pépier, remarque mon intérêt et me dit doucement : « Elle vous intéresse ? Emportez-la ! » Je reste muet de surprise. Elle insiste. J’embarque l’engin. Je reviendrai plus tard chercher mon papier. Mme Pépier aura l’occasion de me rendre un jour un plus grand service.Retour en Belgique (...) . . Claire est une fille très gentille et très ignorante. Elle n’aime pas l’Allemagne. C’est un peu court. J’ai évité de la mêler à mes activités et ne me suis pas soucié de son éducation politique. Elle méritait un type mieux que moi. Le jour du mariage, ma mère a fait de prodiges pour trouver du vin et du beurre. En plus de mes copains, deux gars du chantier qui repèrent le vin à dix kilomètres se sont invités. A 23 heures, tous ceux qui ont bien bu entonnent « La Varsovienne ». Deux flics brestois sonnent à la porte. Ma mère, conciliante, parle de mariage et leur propose un verre. Un copain déclare : « André si tu sers à boire à des flics, je ne te parle plus » Les deux agents font semblant de trouver cela drôle. Ils tiennent à vider leur verre. Ils boivent et s’en vont. Peu de temps après, ma mère, lasse des bombardements et de l’ambiance brestoise, nous quitte pour aller vivre dans la maison de mon beau-frère Marcien à Angers. Une sœur l’accompagne. Ma sœur aînée est à Paris. Claire, mon frère et moi, restons à la maison Printemps, été 43 à Brest Un groupe de copains nantais arrive, vers avril 43. Robert Cruau, postier de 23 ans, les deux frères Berthomé et un autre gars qui retournera rapidement à Nantes. Ils ont dû fuir leur ville pour je ne sais plus quelle raison.Robert est d’une activité débordante. C’est souvent ainsi quand on commence à être un tout petit peu hors la loi. Il constitue une seconde cellule et recrute, trop vite de l’avis (peut-être timoré) des militants brestois.Parlant allemand, Robert Cruau envisage de développer la propagande en direction des militaires.De Paris, nous recevons « Arbeiter und Soldat » journal clandestin animé par le camarade émigré Paul Widelin (de son vrai nom, Martin Monat qui sera arrêté et fusillé par la Gestapo en juillet 44.) Robert rédige aussi des tracts en allemand. Je n’ai pas oublié la pénible corvée qui consiste à taper un stencil dans une langue qu’on ignore. En outre, je tape cela dans une cachette aménagée près de la maison dans le jardin. C’est peu confortable. Pourtant elle n’est pas mal faite. Un premier puits de deux mètres de profondeur. (...)  Bien entendu, il faut être jeune pour se glisser dans cette cache. Elle a été construite par mon frère et moi. Elle n’est connue que de nous deux, et ne sera jamais découverte. En principe, seuls quelques camarades s’occupent de placer des tracts allemands dans de bons endroits. Mon oncle Marcel, n’ayant plus d’embarquement, travaille à Brest. Il a perdu confiance dans le Komintern et milite avec nous. Un soir, il arrive avec un œil bien poché. Il a eu la folle idée de donner directement des tracts à quatre Allemands dans un bistrotUn des soldats lui a donné un coup de poing et l’a poussé dehors. Marcel met quelque temps à réaliser que ce soldat était sans doute anti-nazi Un nazi l’aurait arrêté aussitôt. Marcel jure qu’il est revenu en faisant mille détours et en s’assurant qu’il n’est pas suivi. Robert Cruau a la chance de contacter un sergent dont le père était responsable communiste. Ce sergent est déjà assez politisé. Il peut utiliser certains cachets et rendra bien des services à plusieurs copains. André Darley contacte un autre soldat de la DCA. Très vite, il y aura un petit groupe de soldats allemands qui rédige une feuille que nous tirons à une centaine d’exemplaires : « Arbeiter im Westen ». Selon Robert, la feuille touche très directement vingt sept soldats et marins. Mais les cloisonnements sont mal assurés. Un jour, Robert réunit dix soldats chez une copine fraîchement recrutée, Anne Kervella qui a une maison sur la route du Vallon. Dix soldats ensemble ! C’est de la folie. Personne ne le dit. On croit tous, bêtement, que tout ira toujours bien.


27 SOLDATS ALLEMANDS
 DANS UN GROUPE ANTI-NAZI
CLANDESTIN DANS LA WERMACHT

Au début de septembre 1943, le groupe aurait réussi à enrôler27 soldats allemands7 (notamment de la DCA ainsi que deuxmarins et un de l'Organisation Todt) qui partagent avec lui l'essentiel : un attachement de principe à l'internationalismeprolétarien et une haine farouche du nazisme. L’un d’eux, Heinz, se sert du cachet de l’Organisation Todt afin de truquer les cartes de travail de ceux qui doivent partir au STO14. Des soldats allemands fournissent les militants français en Ausweis12, préviennent les jeunes ouvriers lors de rafles ou les laissent passer lorsqu'ils sont censés les arrêter15. Il y a même, à Brest, une feuille écrite par des soldats allemands gagnés à laIVe Internationale : « Zeitung für Arbeiter und Soldat im Westen »16, tirée à 150 exemplaires7. Le journal La Véritérapporte dans son numéro du 15 octobre 194317 : « À Kerhuon, le 6 août, des soldats allemands ont traversé le bourg en chantant l'Internationale »15.


Il faudrait que cette historienne et d'autres fassent un retour historique "anti-stalinien" sur le rôle des luttes de masse et des pratiques de fraternisation.
Ce sont les machistes comme Nelson Mandela, comme Fidel Castro qui adorent se mettre en scène dans des luttes armées stériles et improductives.
Les femmes et les véritables révolutionnaires attachent un prix bien plus grand à des luttes efficaces. Des luttes visant à désagréger de l'intérieur l'armée ennemie.
CASSER EN DEUX L'ARMEE
Encore faut-il que nous disposions d'une histoire véritable des événements.
"Les copains survivants sont revenus. De Brest, Gérard Trévien m’écrit et me raconte les derniers jours de Yves Bodénès, tué par un kapo au camp de Dora en mars 1944. Il m’apprend la mort de Georges Berthomé à la fin des camps. Plus tard, il ne dira qu’il apprit à la prison de Rennes que dix soldats allemands du groupe de Robert Cruau avaient été fusillés, et sans doute après des tortures.André Floch est mort au camp aussi. André Darley est revenu mais doit passer une longue période à l’hôpital. Henri Berthomé est rentré. Eliane Ronel et Marguerite Métayer sont revenues de Ravensbrück. Anne Kervella est sauve. Quand elle fut arrêtée, elle venait d’être recrutée par Cruau et n’avait aucune formation politique. Elle ne donne plus signe de vie."

.... qu'est donc devenue.... Anne Kervella ?

COMPLEMENTS

Des GI et des femmesAmours, viols et prostitution à la Libération

Mary Louise Roberts

Traduit par Cécile DeniardLéa Drouet
Date de parution 03/04/2014
L'Univers historique
416 pages - 22.00 € TTC

Mary Lou Roberts 
Professor


Office Hours: TBA
Education: PhD: Brown University; MA: Sarah Lawrence College; BA: Wesleyan University
Bio Sketch:
My specialization is Women and Gender; France; the Second World War
My most recent book concerns the politics of sex during the American presence in France during the Second World War. As the GIs conquered Normandy in the summer of 1944, they pursued their fantasies of having sex with French women. Such erotic contacts—including heterosexual sex, prostitution, and rape—became the focus of conflict and debate between the US military and French officials. As these debates occurred in newspapers and official correspondence, they anchored larger struggles for authority, including the breadth of American political power in Europe, and the moral role of the United States as a new global leader.
Selected Publications:
  • D-Day through French Eyes:  Memoirs of Normandy 1944,  Forthcoming, University of Chicago Press,  June 2014
  • What Soldiers Do:  Sex and the American  G.I. in World War Two France, 1944-1946,  University of Chicago Press,  2013.    French translation,  Editions Seuil,  June 2014.
  • “A nous les petites Havraises !” l’Histoire, les collections, July 2012
  • Co-Editor with Paul Friedland, Special issue of French Historical Studies, “Theorized History,” forthcoming, March 2012
  • “Out of their Orbit: Celebrity and Eccentricity in Nineteenth Century France,” The Question of Gender: Joan W. Scott’s Critical Feminism, eds. Judith Butler and Elizabeth Weed, (Bloomington: Indiana University Press, 2011), 50-79.
  • “The Price of Discretion: Prostitution, Venereal Disease and the American Military in France, 1944-1946,” American Historical Review, 115, no. 4 (October 2010):1002-1030
  • “Retinking Female Celebrity: The Eccentric Star in Nineteenth Century France,” Charisma, Fame, and Celebrity during the Long 19th Century, eds. Edward Berenson and Eva Giloi, (New York: Berghahn Books, 2010), 103-116
  • “The Silver Foxhole: Prostitution in Paris, 1944-1945,” French Historical Studies, 33: 1 (Winter 2010), 99-128.
  • “Wartime Flânerie: The Zucca Controversy” French Politics, Culture & Society, Vol. 27, no. 1, Spring 2009, 102-110. [About a controversial 2008 exhibit in Paris concerning the city during WWII]
  • “En Lisant les thèses et les HDR, De la gestion à la citoyenneté. Une Histoire sociale de la consommation contemporaine de Marie-Emmanuelle Chessel,” Entreprises et Histoires, no. 55, June 2009, 9-13.
  • “Photographier le G.I.: eroticisme et photojournalisme en France pendant la Seconde Guerre Mondiale, ” Rretour à l’intime au sortir de la guerre: De la Première Guerre mondiale à nos jours (Paris: Editions Tallandier, 2009), 259-278.
  • Disruptive Acts: The New Woman in Fin de Siecle France, University of Chicago Press, 2002. 
Awards:
  • Senior Fellowship,  Institute for Research in the Humanities,  2010-2014
  • Honorable Mention,  Koren Prize,  Society for French Historical Studies, 2011
  • John Simon Guggenheim Fellowship, 2007-2008
  • Chancellor’s Distinguished Teaching Award, 2008
Courses Taught:
Lecture Courses:
  • History 120 - Europe & Modern World 1815-present
  • History 357 - The Second World War
  • History 392 - Women in History
Undergraduate Seminars:
  • History 200 - Historical Studies - Topics: "Twentieth Century as Lived Experience"
  • History 600 - Advanced Seminar in History - Topics: "Women, Gender, & War in 20th Century"
Graduate Courses:
  • History 891 - Pro-seminar in Modern European History - Topics: "Rise & Fall of the Domestic Ideal"; "Gender & Race in European History"; "Sexuality Across National Boundaries”
TRIPOLI

Un épisode méconnu de l’histoire militaire américaine
1801, au large des côtes d’Afrique du Nord. L’État barbaresque et pirate de Tripoli fait régner la terreur sur les mers de la région, exigeant un tribut à ceux qui veulent y faire commerce. Mais la jeune nation américaine, portée alors par le président Thomas Jefferson, n’entend plus laisser son commerce extérieur entravé de la sorte. Jefferson charge l'ex-consul de Tunis, William Eaton, de contacter Hamet Karamanli, roi légitime de Tripoli en exil et frère du pacha actuel, pour l’aider à récupérer le trône. Ensemble, partant d’Égypte, ils mènent une troupe bigarrée de 500 hommes : des soldats américains (les premiers « Marines » de l’Histoire), mais aussi des mercenaires arabes, berbères, grecs, italiens et turcs. Près d'un siècle avant Lawrence d’Arabie, ils vont vivre une odyssée incroyable à travers 800 kilomètres de désert…
Dans ce grand récit d’aventure, Youssef Daoudi nous raconte le premier fait d’armes des États-Unis en dehors de leur territoire : un épisode méconnu, mais pourtant fondateur de l’histoire militaire américaine.

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